Les Lavandières de la nuit…Ces âmes
errantes hantent de nombreuses cultures. La Bretagne, Terre de Légendes,
se l’est tout naturellement appropriée. La naissance de
cette légende est ancrée dans les lavoirs et fontaines
; près de son voisin l’Ankou, dans le Yeun Ellez (Monts
d’Arrée).
On raconte que ces lavandières ont été punies jusqu’au
jugement dernier. Ces laveuses de vêtements, dans leur avarice,
ont voulu économiser leur savon. Ainsi pour laver les vêtements
des pauvres, elles préféraient user de cailloux, abîmant
ainsi fortement leurs vêtements. Ceci leur valu, lors de leur
mort, d’être condamnées à laver indéfiniment
des vêtements, lors de nuits sans lune et sans étoiles,
dans ces mêmes lavoirs où elles avaient jadis travaillé.
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Pour se venger, elles interpellent
les passants, les entraînant à les aider à
essorer et étendre le linge. La seule façon de
ne pas finir les membres brisés et étouffés
dans les linceuls est de tourner toujours les suaires dans le
même sens. Ainsi, la lavandière, voyant que son
travail n’en finit pas, se lasse et laisse sa victime
libre.
On retrouve dans les différentes cultures quelques divergences
: elles seraient les lavandières préposées
à laver les défunts et leurs vêtements,
ne trouvant pas le repos éternel ; ou encore de mauvaises
mères condamnées à laver les langes de
bébés morts sans avoir été baptisés.
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En réalité, deux théories ont été
« élaborées » : les bruits perçus la
nuit seraient dus à des grenouilles très bruyantes. L’autre
théorie relève du fait que certaines femmes ne trouvaient
autre moment dans la journée pour faire leur lessive et s’y
attelaient dès la nuit tombée.
Je vous défie tout de même de vous
aventurer au lavoir communal si vous y entendez quelques battements
de bois lors d’une nuit sombre…
D’ailleurs, ce récit recueilli d’un ancien devrait
freiner votre témérité…C’est l’histoire
de Job Postic…
Il y a bien longtemps, Job Postic, la veille
du jour des morts, était aller (trop !) boire ; la nuit venue,
il se met en chemin ; il rencontre l’Ankou, reçoit plusieurs
avertissements, mais continue sa route et croise les lavandières.
Dès qu'elles aperçurent le joyeux compagnon, toutes accoururent
avec de grands cris en lui présentant leurs suaires et lui criant
de les tordre pour en faire sortir l'eau ;
" Un
petit service ne se refuse pas entre amis, dit il gaiement, mais chacune
son tour mes belles lavandières, un homme n'a que deux mains,
pour tordre comme pour embrasser ".
Il déposa son bâton de marche à
terre et pris le bout du drap que lui présentait l'une des mortes,
en ayant soin de tordre du même côté qu'elle car
il avait appris des anciens que c'était le seul moyen de ne pas
être brisé.
Mais pendant que le linceul tournait
ainsi, d'autres lavandières entourèrent Job, qui
reconnut là sa tante et ses soeurs, sa mère et
sa femme. Toutes criaient : " Mille malheurs à qui
laissent brûler les siens dans l'enfer ! Mille malheurs
!" Et elles secouaient leurs cheveux épars,
levant leurs battoirs blancs, et criant " Mille malheurs!"
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Job sentit ses cheveux se dresser sur sa tête ; dans son
trouble, il oublia la précaution prise jusqu'à lors et
se mit à tordre de l'autre côté. A l'instant même,
le linceul serra ses mains comme un étau, et il tomba broyé
par les bras de fer de la lavandière...